Bertrand Lamarche - Psychopompe

June 23-July 24, 2021. Vernissage June 22

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PSYCHOPOMPE

Parfois, c’est un homme à la tête de chacal. Autrement, il est ailé ou sa main gauche tient une balance. Ce peut être un chant qui porte dans les régions de l’éther, le souffle qui s’échappe des mourants. Les grâces dites « psychopompes » connaissent les réseaux et les galeries souterraines. Le foisonnement de ces représentations raconte le syncrétisme et l’indétermination des génies qui mènent les âmes vers un ailleurs.

Bertrand Lamarche propose la traversée kaléidoscopique d’une ville circulaire trouée, faite de seuils et de percées à éprouver.

L’histoire peut commencer dans un train minier, un métro ? Au rythme lent et régulier des rouages sur les rails, on embarque dans l’excavation d’une terre couleur rouge saphir. Nous, passagers de la vrille qui creuse le sol, suivons le balancement d’une plume qui va de droite à gauche, de gauche à droite : la queue d’un tamanoir qui joue les guides.

Traveling avant. Le rouge s’aggrave et le train bat toujours. Sous terre, il y a une pression sourde. On glisse dans ces galeries comme avant, les télégrammes urbains dans les égouts parisiens. Traveling arrière. Dans le tube pneumatique, le train est percuté par une locomotive. En pleine face, elle prend son élan. Sur le chemin de fer, la machine charge une fois, deux fois, trois fois. On recommence. La vidéo s’appelle Poursuites.

Sur une bande magnétique, la voix cave et spectrale de Bertrand Lamarche donne par bribes une impression de cette descente. Dans les marges de la ville, on parle d’un club : le Funnel a l’allure d’un temple chinois… Entre-t-on dans Poursuites par le Funnel, cette grande bouche où l’on s’engouffre vers les trippes ? Ou bien le contraire ? Dans l’abîme du club, les corps allaient tanguer. Chacun en lui-même, allait fouiller ses sensations. L’énergie cinétique questionne alors les potentiels de ce qui veille.

Oui. La vrille au corps est bien appelée d’un battement hypnotique. Un temple chinois apparaît au second plan sur un moniteur, balayé par l’éclat vermeil d’un pendule. Le cadre est inquiété par cette boule de démolition qui oscille d’un bord à l’autre. Bertrand Lamarche filme ce morceau urbain délaissé. Il reconstitue la zone des abords d’une tour. C’est un film noir. Il n’y a pas d’autre personnage que notre œil aux aguets.

Poursuites passe en boucle sur la maquette de cette tour sortie du film. C’est la ville désormais qui est transpercée par cette mine écarlate. Le building creusé par une vue endoscopique figure qu’un territoire se sonde comme la médecine sonde le corps au speculum. Il nous indique alors comme le biopouvoir s’intensifie à mesure que les villes remodèlent leur skyline, à mesure que les villes étirent autant qu’elles étalent leur silhouette.

La mise en abîme de Poursuites projeté sur le mur et sur la maquette, fore l’espace d’un organe spéculaire. C’est que désirer est toujours un mouvement, une tendance vers un point fragmentaire, un endroit aberrant. Bertrand Lamarche fait de nous un Tantale urbain venu agiter le devenir des grandes villes.

Projet soutenu par :

Artistes Invités en Résidence (A.I.R)

Fondation des Artistes (FDA)

Courtoisie Galerie Poggi

Bertrand Lamarche

Bertrand Lamarche est un artiste plasticien. Depuis le début des années 1990 son œuvre protéiforme articule des mouvements récurrents et des objets modélisés.

Par la création d’effets empruntant autant aux sciences de l’optique qu’aux trucages du cinéma primitif, il agence des systèmes d’amplification, de boucles et de figures fractales.

Ses machineries Lo-fi travaillent l’installation, la maquette architecturale, la performance et la vidéo. Il développe des scénarios dont la dramaturgie visuelle construit une expérience sensible du vertige qui assume tant une approche émotionnelle et contemplative, qu’une structure narrative ou analytique.

Nominé au prix Marcel Duchamp en 2012, son travail a été montré dans de nombreuses institutions dont le Palais de Tokyo (Paris), le Centre Pompidou (Paris), la fondation Pierre Bergé -Yves Saint Laurent (FR), Thread Waxing Space (NY), the Anthology Film Archives (NY), la Biennale de Montréal (CA), le CCC de Tours, le FRAC Centre, Orléans.

Bertrand Lamarche est représenté par la Galerie Poggi à Paris.